Du sonnet π
1- Ces 1011 notes ont pour objet de dénoncer la discrimation dont souffre le sonnet π (alias Oulipolée)
2- En 1963, Jacques Bens inventa cette nouvelle découpe du sonnet basée sur les premiers chiffres de π.
10- Entre la poire le fromage, il mit au parfum ses potes oulipiens à l’occasion d’un gueuleton bien arrosé.
11- π étant un nombre irrationnel, ses potes ont qualifié ainsi le nouveau sonnet.
12- Appliqué à un nombre, ce qualificatif n’est nullement un jugement de valeur.
20- Il n’empêche que dans son acception courante, irrationnel est synonyme d’illogique et d’incohérent.
21- Pour Monsieur et Madame Toulemonde, un sonnet irrationnel c’est donc un poème déconnant.
22- Avant de lire « Mélancolique », citée comme exemple de sonnet π sur le Site ophyciel de l’Oulipo, c’est aussi ce que je m’imaginais.
100- Et qui m’avait fait craquer pour cette forme qui correspondait à mon fond de commerce.
101- Je viens de le relire. « Mélancolique » n’est nullement hilarant. Encore moins illogique ou incohérent.
102- En outre, je trouve que la forme 3/1/4/1/5 exprime avec plus de justesse l’émotion de l’auteur que s’il avait opté pour la forme lambda.
110- π n’est pas le seul nombre irrationnel dont la somme des premiers chiffres est 14
111- Gilles Esposito-Farèse en a cité quelques uns dont les constantes de Ramanujan-Soldner (1,4513…) et de van der Pauw (4,532…)
112- Mais aussi (1/π + 1/8) alias 0,4433(09886…)
120- (1/4/5/1/3), (4/5/3/2) et (4/4/3/3) sont donc autant de schémas de sonnets irrationnels.
121- Il y a 8192 façons de mettre 14 vers en strophes
122- On démontre que toutes peuvent être considérées comme les premiers chiffres d’un nombre irrationnels.
200- Tous les sonnets sont donc irrationnels.
201- Y compris l’illustrissime 4/4/3/3
202- Le sonnet à Hélène, Le Dormeur du Val, El Desdichao…
210- sont irrationnels !!!
211- Le 3ème à la limite… Mais pour les deux premiers ce qualificatif est scandaleusement inapproprié.
212- Tout autant que pour le « Mélancolique » de Bens.
220- Si l’on ne compte plus les sonnets un tantinet frappadingues, ils ne le doivent qu’à leur contenu.
221- Et non à leur forme qui est tout à fait rationnelle.
222- J’ai testé sur un même premier jet quelques découpes signalées par Gef. En modifiant ici ou là quelques vers. Les sonnets obtenus diffèrent non seulement par la forme mais aussi par le ton.
1000- On peut considérer cette diversité comme une richesse qui donne un sacré coup de jeune au sonnet de Clément Marot.
1001- Dès lors qu’on a démontré que tous les sonnets sont irrationnels, il parait discriminatoire de réserver cette appellation au seul sonnet π.
1002- Mettre un terme à cette discrimination est du ressort de l’Oulipo.
1010- Il suffit tout simplement de réactualiser son premier nom Oulipolée
1011- Ou de le rebaptiser « sonnet oulipien ».
Voici 3 sonnets de forme différentes exprimant la même
Supplique à Lila
Sonnet van der Pauw
J’ai littéralement le cœur guacamolesque.
depuis que vous pointez, ô Lila, dans mon fief.
Je voudrais vous offrir la pleine lune, ou presque,
et taguer sur les murs votre blaze en relief.
Vous n'imaginez pas à quel point je vous kiffe
et n’ai qu’un seul espoir : quelque jour vous pécho.
Je vous emporterais sur mon bel hippogriffe.
dans les airs croyez-m’en, je ne suis pas manchot.
Et pour vous rassurer. Je suis tout sauf macho.
Nous irions nuitament tutoyer les étoiles.
J’en connais deux ou trois qui valent le détour.
Puis, nous mumuserions coolement sous les toiles.
Sur ma mère, ouallah ! jusqu’au lever du jour.
Je me risquerais même à vous parler d’amour !
Sonnet π
J’ai littéralement le cœur guacamolesque.
Lila, je cueillerais la pleine lune, ou presque,
et n’ai qu’un seul espoir : quelque jour vous pécho.
Tellement je vous kiffe !
Lorsque vous ondulez sous ce rouge poncho,
je veux vous enlever façon chevaleresque
et sur le macadam, tracer des arabesques.
— En scooter, croyez-m’en, je ne suis pas manchot —
Tellement je vous kiffe !
Sous la voûte étoilée, tel un fier hippogriffe
nous le chevaucherions. Au delà du périphe
je sais un Formule 1 qui vaut bien le détour.
Nous y mumuserions, après une bonn’ briffe,
sur ma mère, ouallah ! jusqu’au lever du jour.
Sonnet sur la racine cubique du Nombre d'argent
Vous n’imaginez pas à quel point je vous kiffe.
Je tague un peu partout votre blaze en relief
et voudrais vous offrir toute la lune, ou presque.
Sur ma mère, j'en ai le cœur guacamolesque.
Lorsque vous vous pointez, ô Lila, dans mon fief.
je me sens illico quasi-funambulesque.
J’adore vos quinquets et votre teint mauresque.
Des nanas tell’s que vous, j’en connais pas bézef.
Vous n’imaginez pas à quel point je vous kiffe.
Je vous emporterais sur mon bel hippogriffe.
Croyez-moi dans l’azur, je ne suis pas manchot.
J’ai littéralement le cœur qui s’ébouriffe.
On pourrait faire un trip, tiens ! jusqu’à Ténérife !
Et p’t-êt’ ben que là-bas, je pourrais vous pécho.