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Mallarmoïde

Chaque jour que Dieu fait, qu’il fît chaud, qu’il fît froid,

de la chambre au salon, j’arpente mon F3.

Je cyclamène, hélas, et j’ai lu tous les livres :

 

Tintin, Gaston Lagaffe, Astérix et Spirou.

 

Il m’arrive souvent, surtout quand je m’ennivre

à la tombée du jour, d’éprouver quelque effroi. 

Surfer sur Internet est un chemin de croix,

comment passer ce temps qu’il me faut encor vivre ?

 

Sinon lire et relire Astérix ou Spirou !

 

Dussé-je des lettrés essuyer le courroux,

Je ne vois rien de mieux pour soigner ma félure

que ces Edens austraux peuplés de kangourous.

On s’ennuie tellement à Nogent-le-Rotrou.

Que n’ai-je encor vingt ans pour hisser la voilure !

 

Fuir ! là-bas fuir ! Suivre la route des skippers

dont se gonfle le spi sous la brise marine.

Poètes d’ouragans à l’âme alexandrine

et qui surfent les flots sans reproche et sans peur.

Passer le Horn, ainsi que fit Rackham le Rouge

et affronter les cinquantièmes rugissants.

Faire escale en une île, y glander dans un bouge.

M’y ennivrer de rhum, narguer le Tout Puissant, 

afin d’y oublier Saint-Sauveur-de-Carrouges.

 

Et sous la Croix-du-Sud, en flânant sur le Dock

tomber ex abrupto sur ce bon vieil Haddock.

 

À la pointe du jour, sous une ultime étoile,

profiter du zéphyr pour hisser la grand-voile.

Fendre les flots, de mer de Ross en mer d’Oman.

Croiser la route du fameux Flying Dutchman.

Puis prendre d’un atoll la périlleuse passe.

Y mouiller enfin l’ancre avant que j’y trépasse.