Aux temps anciens, si j’en crois le prophète
qui dit son fait dans deux ou trois gazettes,
et tient boutique auprès de l’Opéra
Le Chant Royal, est un bon somnifère.
On l’a testé sur le lion et le rat.
Sur le loup, le renard et la belette,
il inspira quantité de poètes.
On prétend qu’il naquit au Sahara.
Le Chant Royal, est un bon somnifère
et l'on en use en Nouvelle-Angleterre.
Le Chant Royal, est un bon somnifère !
Plus radical que le meilleur tilleul.
Et donc daubé par tout apothicaire.
Si l’on en croit de Malherbe, l’aïeul.
Sous Obélix, dans la Gaule profonde
il agissait au bout d’une seconde.
et les Romains n’y voyaient que du noir.
Ses premiers vers endormaient comme loir.
On s’en servit en paix comme à la guerre.
Pour dégommer les terribles germains
ou pour gommer ses rivaux en affaires.
Le Chant Royal, est un bon somnifère !
qui terrifia les autres et les Huns.
Au Colisée, un gladiateur poète,
de ses onzains, neutralisa la Bête.
Mi-tigre géant, mi-rhinocéros.
surgi des ateliers d’Héphaistos
On vint le voir de cent lieues à la ronde.
Ce haut fait fit trois fois le tour du Monde.
Si l’on en croit des anciens les écrits,
César en fit un de ses favoris.
Pour le baron Godefroy de Malfeyre
le Chant Royal est un bon somnifère !
Dans son Donjon, non loin de Carpentras,
il en usait contre les scélérats
Sa bien aimée, la doulce Frédégonde
offrait ses vers en tous lieux à la ronde.
Sa poésie avait grand heur de seoir.
dont le minois inspira la Joconde
Des Chants Royaux, mais c’était sans espoir.
Dix ans plus tard, ils prenaient le pouvoir.
Un vieux bogosse illumina la sphère,
en cultivant l’art du coup d’encensoir.
Le Chant Royal est un bon somnifère.
Ce prétentieux, en ses habits de fête,
— avec son flux, sa pompe et cætera —
pourquoi le nier, grave me prend la tête
et pour icelle est un conglomérat.
Soixante vers ? C’est se ficher du monde.
et suffisant pour assoupir ma blonde.
À cet effet, j’en lis vingt vers le soir.
Lorsque Morphée s’attarde à l’assommoir,
c’est de très loin le meilleur truc à faire.
Au pensionnat on en use au dortoir.
Le Chant Royal est un bon somnifère.
Prince fervent du « qui lira rira »,
qui le lira, pour sûr, se barbera.
Bien que daubé par mon apothicaire,
qui fit fortune en vendant du Viagra,
le Chant Royal est un bon somnifère.