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Nuit de Mai 2

 

 

— En attendant l’aurore, une bergeronnette

ballottant de la queue, mais tout à fait honnête,

picore au clair de lune aux rives de l’étang.

 

Poète, smacke-moi, prends ton luth et rimaille ! 

 

Sniffe un peu ces senteurs qui sentent le printemps.

Quitte un peu ton plumard et prends ta savonnette,

bois vite ton café, sors de ta maisonnette

et viens à Séléné, rimer tambour battant.

 

Poète, smacke-moi, prends ton luth et rimaille ! 

 

— Je m’y emploie, ô Muse, et pardon si je baille.

D’autant qu’au jardinet, avant l’aube, ça caille.

En humble écriveron, je suis un peu frileux.

Et j’avoue préfèrer rimer sous un ciel bleu.

Je finis mon ptidèje et sitôt je travaille.

 

  
— Poète, prends ton luth. Que les papillons noirs

qui squattent ton cerveau, s’envolent dans l’Espace

à quatre dimensions. Sur ce banc viens t’asseoir.

Entends dans le lointain le vieux loup qui trépasse.

En a-t-il zigouillés de malheureux chevreuils

qui jumpaient, innocents par les champs de luzerne.

Poète, prends ton luth et chante le bouvreuil

qui niche dans la lande au seuil de la taverne.

Dans une heure et demie s’éteindra sa lanterne.

 

— Ô Muse j’ai reçu cinq sur cinq ton appel

et m’en vais fignoler quelque rime au scalpel.

 

— OK, nous sommes seuls, l’univers est à nous.

Dans le septentrion, règne la Tramontane.

L’air est d’une fraîcheur à se mettre à genoux.

Lâche prise et oublie l’un peu trop large trou

que tu t’es fait hier dans tes vieilles tatanes

Les étoiles au ciel font un sacré froufrou.